“Capture Police” : Pourquoi nous avons participé à l’action de Paolo Cirio

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Le 15 septembre nous avons mis en ligne une pétition destinée aux décideurs de l’Union Européenne pour bannir les technologies de reconnaissance Faciale  dans l’espace public européen. Le 1er octobre, l’artiste activiste Paolo Cirio publiait son oeuvre artistique, “Capture Police”, en lien avec cette mobilisation d’ampleur. 

Chez wesign.it, menons un combat de longue date sur les sujets des libertés numériques, la protection des données des utilisateurs, les politiques sécuritaires et de surveillance massive, et les discriminations qui en découlent.

Cette campagne visant à interdire la reconnaissance faciale dans l’espace public  est à l’initiative de Paolo Cirio, artiste Hacktiviste qui n’est pas à son premier coup d’essai quant à la dénonciation des dérives des Etats démocratiques sur la protection des données des citoyens.  En partenariat avec La Quadrature du Net et Technopolice, nous souhaitons que ce sujet, très technique, nécessitant une rigoureuse pédagogie, prenne place dans le débat publique et soit considérée par le gouvernement français, les membres du Conseil Européen et les députés du Parlement Européen.

“Capture Police” : une oeuvre qui ne vise pas la police.

En quoi consiste le projet “Capture Police” ? Paolo Cirio a collecté 4000 photos de policiers publiées librement sur internet, sites d’information et réseaux sociaux publics permettant à chacun d’identifier les personnes photos. Il a également affiché un certain nombre de ces photos dans les rues de Paris.

Ces informations (éléments d’identifications) ne sont pas rendues publiques, car le but n’est pas de mettre les policiers en danger. Il est de montrer que ce que peuvent faire les utilisateurs manuellement (identifier les visages et les personnes), les technologies de reconnaissance faciale telles que “Clearview AI”, logiciel utilisé par la police américaine, peuvent le faire automatiquement sur un immense volume de données.

Cette technologie est si puissante que même les policiers, garant de notre protection et supposément aidés par cette technologie, se retrouvent en situation de vulnérabilité. C’est ce dangereux paradoxe que l’oeuvre de Paolo Cirio souhaite démontrer.

L’art peut être un vecteur d’expression qui montre la réalité sous un angle nouveau. Notre pétition compte aujourd’hui 15000 signatures, bien que rigoureusement argumentée et documentée, elle n’aurait jamais pu connaitre une telle exposition sur les réseaux sociaux sans la démarche de Paolo Cirio.

Ce fait en dit long sur la façon dont les revendications deviennent populaire. Est-il est devenu nécessaire de choquer les esprits pour se faire entendre ? Nous pensons toutefois que le biais artistique reste la manière la plus saine de le faire.

Réactions hors sols du ministre Darmanin

 

Nous souhaitons remercier le ministre de l’intérieur Gerald Damanin d’avoir répondu si promptement à notre sollicitation. Nous aimerions cependant qu’il ait considéré le projet plus rigoureusement. Les policiers ici présentés ne sont pas en danger, les photos n’ont pas été volées, et la démarche reste bienveillante.

Certains médias, tels que BFM TV n’ont pas non plus été très rigoureux dans leur enquête, faisant passer cette action pour un pamphlet “anti flic”.

Nous souhaitions donc apporter toutes ces explications afin de clarifier notre démarche. Nous souhaitons également pouvoir débattre sur les plateaux télévisés des technologies de reconnaissance faciale afin que la population comprenne les enjeux de ce combat.

Pierre Lalu
Community Organizer et Chef de Projet pour Wesign.it